samedi 18 juin 2011

Une île pour quoi faire, une adaptation du roman d'Olivier cadiot, Un nid pour quoi faire

SYNOPSIS (écriture de plateau) : Une île pour quoi faire

http://tempoeroman.blogspot.com

Décor : piano, bancs, table, fauteuil, chaise, porte-manteau, pouf bleu

Accessoires : livres de Robinson, foulards, casque colonial, robe de chambre (masquée par le rideau au début), carafe (sur piano),

Acte I

piano

Prologue : Soliloque de Robinson (pp. 81-84)

Lumière sur Robinson assis à sa table, au centre de la scène


Scène 1 : "Qui peut sonner si tôt comme ça ?" * Robinson et le visiteur n°1 (Lola, 85-87) * R et groupe : chuchotis en canon

NOIR (ballet des ombres)

Scène 2 : "Qui peut sonner si tôt comme ça ?" : Robinson et le visiteur n°2 (Mathilde : 85 à "à quoi ça sert un club?" + 88-90)

NOIR (ballet des ombres)

Scène 3 : "Qui peut sonner si tôt comme ça ?" : Robinson et le visiteur n°3 (Alice : 90-91 de "Ils sont en exil" à "regarder")

NOIR (ballet des ombres)

Scène 4 : Lecture de Robinson (237-238) : "Nid, on prend un nid" ... Il s'endort

NOIR (ballet des ombres) => LUMIERE : éclairage des ombres, yeux débandés

Scène 5 : Départ de R* : "Ma Toyota est fantastique" (125-127)* R se lève, prend casque sur porte-manteau, suivi par ombres

PERCUSSIONS

Scène 6 : "Un nid ? ... Qui a bien pu avoir une idée pareille ?" (142-143) * R se rassoit, pose casque, cerné par les ombres

Scène 7 : Répétition de l'annonce* : "Cour royale en exil..." * R et groupe : chuchotis en canon (percussions ; sourdine)

Scène 8 : "Neige! ... Atterrissage." (145-147)


Danse africaine : Robinson (casque et chaussures au centre)


Acte II

Accessoires et costumes : couronne et trône + plaid + pouf bleu


Scène 1 : accueil de Goethe, visite du chalet et petit lever du roi (pp. 148-151 ; pp. 160-166 ; pp. 167-169)

Visite du chalet : groupe (pp. 151-155)

Scène 2 : "Je crois que j'ai dû prendre froid" – 179-184 - Le roi et le docteur Bouboule (Thomas)*

* Scène 2 : On garde toute la page 179 (dialogue roi-docteur Bouboule)

Scène 3 : Fractales de rois : 9-13 "Je suis roi" (Thomas) "Chaque matin.. je veux que tu sois reine"(Arian sur pouf bleu) – "oh c'est moi qui ai la fève, à l'attaque" (Lola : s'empare de la couronne => course poursuite...)

LUMIERE - Chorégraphie : cri – chaos / PERCUSSIONS

le roi (Thomas) récupère sa couronne et son trône

Scène 4 : "Approchez-vous... Je vous parle" 14-15 (Thomas à Robinson resté dans l'obscurité sur la banc côté cour) -

14-15 Ariane : "Nous vous avons fait venir...plus d'utopie pour la société future" (Ariane)

16 Thomas "je ne serai plus jamais vraiment Roi, c'est leur faute.

Je n'en peux plus

je"

Thomas s'effondre en pleurant

NOIR : chorégraphie des ombres (au ralenti : "angoisse"*) / PERCUSSIONS

* au sens étymologique : l'espace se resserre autour du roi // changement de costume d'Ariane > Raspoutine

Scène 5 :17-20 "vous m'abandonnez, voilà" => Sortie du Roi-Thomas (assis sur l'escalier)

Thomas s'effondre en pleurant

NOIR : chorégraphie des ombres (au ralenti : "angoisse"*) / PERCUSSIONS // Raspoutine > roi bis (pouf bleu)

Scène 6 : 21-28 => Roi (Thomas) à Robinson 27: "Vous voyez, c'est terrible, tout recommence".

Il va se rasseoir sur le trône, Robinson le suit.

27 "tout recommence comme par magie, piouff ! Balles neuves... c'est fou" (Ariane)

"Descendez de là" (Thomas se levant et hurlant)

27-28 "Le barbu, on l'appelle Goth ... vous suivez ?" (Roi = Ariane)

Scène 7 : 29-35 Promenade dans la Galerie des Glaces (Roi = Ariane)

29 "Tenez-moi le bras...C'est beau, non ?"

LUMIERE

29-35 "Ah, la lumière...C'est trop facile"

LUMIERE SUR TRONE // Mathilde se glisse sur le pouf

35 "Je suis décalé ici ... ça se dégrade"

39-41 "J'ai des regrets ... pragmatiques ?" (Roi = Mathilde)

LUMIERE - Chorégraphie des courtisans qui se parent (de + en + décadents) : déplacements au ralenti et silence sur PERCUSSIONS

SILENCE /COUR FIGEE

Scène 8 : Roi-Robinson : 41 (Roi = Mathilde sur le trône)

"est-ce que vous avez des solutions plus pragmatiques ?

Vous

Oui, Vous"

Acte III


Le Roi poète (Lola) = Robinson (Inès) = Bossuet (Alice) = Goethe (Romane) : l'infiltration


Scène 1 : 14-15 "C'est à vous que je parle depuis le début"

Vous

Oui, Vous"

Approchez-vous

là" "

Je parle à la cantonade

mais en fait

Je vous parle

Nous vous avons fait venir pour donner un coup de pied dans la fourmilière... c'est leur faute"

51-54 "Laissons-les ...Mais au fond, ce que j'aimerais faire, c'est de la poésie... maniacodépressif" (p.52)

Scène 2 : Robinson parle : "J'ai la solution." 60-61

43 Robinson et le Roi : "C'est la première fois que j'ouvre la bouche depuis des lustres... en deux"

44-45 "Ne restez pas comme un manche... nid."

Scène 3 : Cour 225 + 229-233

LUMIERE/PERCUSSIONS : danse africaine (beaucoup de colliers et de colifichets) autour du trône totem (percussions avec le sol, les pieds, les bancs, les chaises...)

Scène 5 : Le roi et Bossuet ("le poète") : pp.185-190

Scène 6 : Soliloque de Robinson : pp. 74-76

Scène 7 : Robinson-Petite femme (pp.256-263) + Roi + Duchesse + Prince + Goethe

259 – CANON : Robinson et la cour

-- Vous avez des idées ?

-- Bon, je n'ai pas d'idées, rien ne vient, le trou, c'est terrible, juste avant, crac, le vide, ça va être à moi.

J'ai un blanc.

Je n'ai rien à dire, depuis le début, je n'ai aucune idée, je me creuse désespérément.

Zéro idée.

J'ai une vie irréelle, sinon j'aurais des idées, on est limité quand même à ce qui arrive tout près de soi, c'est inquiétant, donc on se ratatine, voilà, il y a quelque chose de grave, je n'ai plus d'idées, le système de la jungle est trop loin, les comparaisons permanentes avec des choses, des idées totems, à tête de toucan et corps de jaguar, les idées tachetées, exit, les idées, fini.

Elle ne comprend pas ce que je raconte.

261 – 263

Elle me plaît, je sens qu'on pourrait s'entendre, j'ai une idée, vous allez me dire si ça va, on fait un test, si ça marche, je vous garantis que je jouerai dans votre sens.

L'idée pour regonfler l'image.

Voilà...

Accéléré : 1


Bon, je n'ai pas d'idées, rien ne vient, le trou, c'est terrible, juste avant, crac, le vide, ça va être à moi.

J'ai un blanc.

Je n'ai rien à dire, depuis le début, je n'ai aucune idée, je me creuse désespérément.

Zéro idée.


Accéléré : 2


Bon, je n'ai pas d'idées, rien ne vient, le trou, c'est terrible, juste avant, crac, le vide, ça va être à moi.


J'ai un blanc.

Je n'ai rien à dire, depuis le début, je n'ai aucune idée, je me creuse désespérément.

Zéro idée.

J'ai une vie irréelle, sinon j'aurais des idées, on est limité quand même à ce qui arrive tout près de soi, c'est inquiétant, donc on se ratatine, voilà, il y a quelque chose de grave, je n'ai plus d'idées, le système de la jungle est trop loin, les comparaisons permanentes avec des choses, des idées totems, à tête de toucan et corps de jaguar, les idées tachetées, exit, les idées, fini.

NOIR

Les courtisans redeviennent des ombres et mise en place du décor initial : les couleurs disparaissent

Scène 8 : Robinson à sa table : lecture : pp. 237-238 et // chorégraphie des ombres qui s'allongent sur le sol

241-242 "Revenons au nid"


*****

DISTRIBUTION :

Robinson : Inès Chabant

Le visiteur : Lola Godeau, Mathilde Boulet et Alice Kayitalire

Goethe : Romane Rozencwajg

Le roi : Thomas Deferrière, Ariane Loisel, Mathilde Boulet, Lola Godeau

Le Prince : Artus Thomas

La Duchesse : Mathilde Boulet

Monsieur Bouboule et la mini-reine : Lola Godeau

Raspoutine : Ariane Loisel

Bossuet : Alice Kayitalire


Son et Lumière : Charles Moreau

Une île pour quoi faire : Option Théâtre de 1ère et Mme Loquet

Une adaptation en 3 actes du roman d'Olivier Cadiot :

Un nid pour quoi faire

Lundi 30 mai à 20 heures (durée : 1h30)

Théâtre de l'EABJM - 70, rue du théâtre (15ème)

Initiation à l'écriture de plateau et au cut'up

Acte I

Prologue de Robinson

Scène 1 : "Qui peut sonner si tôt comme ça ?"

Scène 2 : "Nid, on prend un nid"

Scène 3 : "Ma Toyota est fantastique"

Scène 4 : "Un nid ? ... Qui a bien pu avoir une idée pareille ?"

Scène 5 : "Cour royale en exil..."

Scène 6 : "Neige! ... Atterrissage."

Acte II

Scène 1 : "Je crois que j'ai dû prendre froid"

Scène 2 : "oh c'est moi qui ai la fève, à l'attaque"

Scène 3 : "Approchez-vous... Je vous parle"

Scène 4 :"vous m'abandonnez, voilà"

Scène 5 : "Vous voyez, c'est terrible, tout recommence"

Scène 6 : "Tenez-moi le bras...C'est beau, non ?"

Scène 7 : "est-ce que vous avez des solutions plus pragmatiques ? »


Acte III

Scène 1 : "C'est à vous que je parle depuis le début"

Scène 2 : "J'ai la solution."

Scène 3 : « Coucou... ma mini-reine »

Scène 4 : « Venez par là, mon petit Bossuet »

Scène 6 : « Un homme seul... appelons-le Robinson »

Scène 7 : « Vous avez des idée ? »

Epilogue de Robinson


Il faut faire ci, il faut faire ça, c'est la maladie, la vie matérielle maximale, listes exponentielles de choses à faire : c'est alors que je décidai de construire une maison dans les arbres. Dès l'aube, je grimpe au centre de l'île pour vérifier qu'elle était bien ronde, Comment construire un barbecue portatif ? Pourquoi je suis aussi malin ? Comment survivre dans les bois ? On dirait des légendes sur de vieilles gravures.


Qu'est-ce qu'on fait demain matin ?


C'est la maladie Robinson, tout devient une expédition, on campe n'importe où, on s'accroche aux falaises avec des cordes, il n'y a que des problèmes, on barricade des grottes, on invente des avions, la fonction crée l'organe, je ne dis pas que j'ai des nageoires qui me poussent dans le dos à force de nager, mais presque.


Olivier Cadiot, Un nid pour quoi faire





Robinson.

Solitude.

Création du loisir. Conservation.

Temps vide. Ornement.

Danger de perdre tête? de perdre tout langage.

Lutte. Tragédie. Mémoire. Prière de Robinson.

Image des foules, des théâtres, des rues.

Tentation. Soif du pont de Londres.

Il veut écrire à des personnes imaginées, embrasse des arbres, parle tout seul. Crises de rire. Peu à peu n'est plus soi. »


"Robinson", Paul Valéry, Histoires brisées


*****

Prologue


ROBINSON: Il faut faire ci, il faut faire ça, c’est la maladie, la vie matérielle maximale, listes exponentielles de choses à faire : C’est alors que je décidai de construire une maison dans les arbres, dès l’aube, je grimpe au centre de l’île pour vérifier qu’elle était bien ronde, Comment construire un barbecue portatif ? Pourquoi je suis aussi malin ? Comment survivre dans les bois ? On dirait des légendes sur de vieilles gravures.

Qu’est-ce qu’on fait demain matin ?

C’est la maladie Robinson, tout devient une expédition, on campe n’importe où, on s’accroche aux falaises avec des cordes, il n’y a que des problèmes, on barricade des grottes, on invente des avions, la fonction crée l’organe, je ne dis pas que j’ai des nageoires qui me poussent dans le dos à force de nager, mais presque.

Des petites ailes pour grimper aux arbres.

Avantage, on survole les problèmes comme un gros bourdon paresseux, pas mal, mais qui avait bien pu me programmer comme ça ? mystère , si on résume ma vie au maximum, on dira que les circonstances m’ont obligé à réaliser sans expérience des choses dont j’avais eu l’idée on ne sait où.

Sans mode d’emploi.

Au lieu de se faire une bonne petite hutte, j’ai dû pour des raisons obscures bâtir un palais en bambous, on ne comprend pas la bonne technique à utiliser que trop tard, l’objet déjà fini ; il ressemble à une accumulation d’erreurs en forme de vague réussite.

Qui avait bien pu me demander ça ?



Acte 1 scène 1


ROBINSON : Qui peut sonner si tôt comme ça ? Dès l’aube c’est absurde (enfile robe de chambre à cordelière rouge-dring-turban-dring) j’arrive,non mais c’est fou, ça va j’ai entendu, pile au moment ou je me glissais dans l’eau chaude (ouverture porte) à cette heure, c’est absurde, (vite pieds mouillés) c’est toi ? Entre, pardon pour cet accoutrement, mais je travaillais dans mon bain, j’ai de nouvelles idées.


(silence)


VISITEUR: tu emmerdes tout le monde avec tes idées à la noix, surtout tes histoires de Retour des Iles, on en a parlé au club, tu risques d’être exclu, il n’y a rien de plus ennuyeux que les gens qui croient revenir du Paradis, attention, tu connais le règlement (s’effondrant sur le petit lit de repos)


ROBINSON: Si au club ca ne vous plait plus, virez moi, c’est bon, (le plus froidement possible) de toute façon je n’y vais plus, dans ce club.


VISITEUR : Ce qu’on raconte sur toi (toujours effondré sur le lit de camp, cigarette au bec, les yeux fermés, comme pour mieux réfléchir ou commencer à s’endormir) c’est que tu te perds dans des histoires trop compliquées, les gens ne veulent pas ça, les gens du club, ils veulent des gens de bonne compagnie, intéressants mais pas trop, surtout discrets, tu comprends le mot dis-cret, qui ne font pas une histoire avec tout, ça fatigue les autres, les récits de guerre, les naufrages, à chaque dîner, tu peux comprendre juste ça, que c’est fatigant.

Fa-ti-gant.

Le projet d’un club, je te rappelle l’idée de base, avoir une vie parallèle dans une maison qui appartient à tous donc à personne, chacun fait ce qu’il veut à son rythme, lire le journal, dîner, un peu d’escrime, etc., mais à-son-rythme, avec des gens agréables qui ne racontent pas leur vie à tout bout de champ, tu comprends ça (il enlève ça veste)

Ces nouvelles redingotes sont d’un serré, ouf.


ROBINSON: Ecoute, c’est une période charnière, ça ne va pas durer, un explorateur rentre de voyage, c’est une chance, bon je fais une conférence au club, genre Connaissance du Monde sur Moi, et c’est bon, je raccroche les gants, je reviens dans le rang.

(silence)

J’ai compris, je vais me taire, avant ça, je vais juste te dire une bonne chose, vous êtes à courte vue dans votre club, ah on fait tout au jour le jour en ricanant, vous vous croyez supérieurs, les premiers à avoir de la distance, les premiers à qui rien n’arrive, vous oubliez que l’Histoire se fait sans se connaître.

Grosse faute, les amis.

Vous croyez être les premiers à vivre au second degré, que votre présent est en dehors, que vous êtes l’humanité arrivée à son apogée, grosse erreur, c’est idiot, dans mille ans vous ressemblerez à une petite foule grise de fourmis, et vos idées du jour soi-disant éternelles seront indéchiffrables, vous êtes des Mayas, vous êtes des ruines comme tout le monde, alors descendez juste d’un cran.


VISITEUR: Oui


ROBINSON : Calme, les gars, hein, calme, (hurlant) faut descendre d’un cran, hein ? Votre club de merde, imagine-toi juste que c’est un tas de cendres, moi j’ai vu la nature en grand, mon vieux


VISITEUR : Oui


ROBINSON : et pourquoi tu répètes oui, comme ça ?


VISITEUR : On dit toujours oui aux fous.




Acte 1 scène 2


ROBINSON: Qui peut sonner si tôt comme ça ? Dès l’aube c’est absurde (enfile robe de chambre à cordelière rouge-dring-turban-dring) j’arrive,non mais c’est fou, ça va j’ai entendu, pile au moment ou je me glissais dans l’eau chaude (ouverture porte) à cette heure, c’est absurde, (vite pieds mouillés) c’est toi ? Entre, pardon pour cet accoutrement, mais je travaillais dans mon bain, j’ai de nouvelles idées.


(silence)


VISITEUR : tu emmerdes tout le monde avec tes idées à la noix, surtout tes histoires de Retour des Iles, on en a parlé au club, tu risques d’être exclu, il n’y a rien de plus ennuyeux que les gens qui croient revenir du Paradis, attention, tu connais le règlement (s’effondrant sur le petit lit de repos)


ROBINSON: Si au club ca ne vous plait plus, virez moi, c’est bon, (le plus froidement possible) de toute façon je n’y vais plus, dans ce club.

Tu veux boire quelque chose ? J’ai du fuisse, au tonneau mon gars, ultra-frais, spumante, pssssssssst, cent litres ça devrait suffire, j’ai aussi du Martini bien sec, pour moi c’est niet, zéro alcool.

Sashimi de n’importe quoi

Et de la flotte

Régime-Régime

Le martini ; c’est la grande carafe , là , sur le piano. Donc désolé, je change de sujet, j’étais dans mon bain, hein, oui, c’est pour ça que je suis en peignoir, j’ai installé une planchette dépliante sur la baignoire et un thermostat dans l’eau, température constante, je lis un livre, où il est expliqué très clairement qu’à partir du moment où l’accès à la vérité n’a plus désormais comme condition que la connaissance, alors il n’y aura plus jamais de récompense, attention. Il n’y aura plus jamais de récompense.

Tu vois le truc énorme, à partir du moment où on pense que la vérité n’est plus capable de sauver une personne, s’il n’y a plus que du savoir technique, hein, eh bien, c’est terminé l’effet de retour de la vérité sur le type qui s’est attelé au job, fini l’illumination, dit le livre, si la spiritualité disparaît, si on entend par spiritualité un ensemble de pratiques, de recherches, d’expériences par lesquelles le sujet opère sur lui-même les transformations nécessaires pour avoir accès à la vérité, eh bien, si ça disparaît, il n’y aura plus jamais de récompense, ce n’est pas rien non ? bon, qu’est-ce qu’on fait ?


VISITEUR : J’en ai de l’ultra bonne , super jaune tu vois le truc, je n’en avais pas vu depuis mille ans, et crac, qualité folle.


ROBINSON : Je suis anti-drogue, maintenant


VISITEUR : J’ai un ami royaliste… Et en plus tu ressembles à Louis XI








Acte 1 scène 3


VISITEUR: Il sont en exil, à la montagne, il fallait y penser, le chalet, tout simplement le chalet, le gros chalet de cinquante pièces en bois naturel, avec les télésièges au pied, c’est pas mal, ils ont construit une boîte en dessous, pour blanchir leur fric, c’est normal à la montagne.


(Il rit un long moment)


ROBINSON : (l’interrompant) La montagne, j’adore, il y a des ? Ces fleurs là, comment ça s’appelle, je devrais y aller à pied mais comment faire ? ça m’angoisse.


VISITEUR: Quoi, ca t’angoisse ? Abandonne tout ce bordel que tu as dans la tête, tu réfléchis trop, c’est pas bon, faut aller vers l’Orient, tu es beaucoup trop intellectuel, l’émotion, ça c’est bon, ça, l’émotion, tu es coincé dans le mental, je n’ai jamais compris, il y a quelque chose chez toi qui bloque.

Lâche l’émotion.

Mais l’émotion pratique, c’est ce que tout le monde dit au club, faut que tu sois pragmatique, tu dois valoriser ton passé, il faut se recycler et exagérer ses défauts, tu es un vrai self-made-man, ouvre les yeux, si tu transposes ton expérience, on dit couramment l’entreprise c’est une jungle.

Tu leur dis suivez le guide.

Regarde les mercenaires à la retraite, ils ne sont pas au chômage. Vas-y.

Tu devrais accepter ce job, la montagne ça désintoxique rien que de la regarder.





Acte 1 scène 4


ROBINSON: Seuil du sommeil, rêve volontaire, allongé, yeux plafond, retour organisé dans ce qui précède, on résume, ça calme, choisir son rêve, on se déplace dedans, on peut très facilement sortir de son cerveau et voir à droite, à gauche, au dessus, en dessous, on choisit la scène, souvenirs enfouis, on fait défiler son catalogue, Nid, on prend le nid, c’est un bon sujet pour s’endormir, un nid ? un nid, ça m’obsède.

Réfléchissons.

Qui a bien pu fabriquer ça, au beau milieu d’une forêt, en altitude, inaccessible au commun des mortels, ce n’est pas une œuvre d’art, rien ne l’indique, un affût pour attendre des cerfs, une cabane pour enfants géants, un balcon en forêt ? … une idée très confortable, dormir en rond, ça doit être reposant, bien installé au fond, en boule, avec le temps, ça donne des plumes, un jour je reviendrai dinosaure, se dit l’habitant su nid, tranquille, bien lové dans son enveloppe reptilienne, duvet néandertal couleur blanche, on admire le paysage, accès illimité à cosmos, bravo.

Je me mets à sa place ?

Je ne suis pas enfermé dans un seul corps, à mono-histoire, je suis trilobé, spiralé, je m’enroule à la ligne de nerfs sur le flanc des poissons.

Je plonge.

Noir.

D’un château à l’autre. Amazone profondeur . Ouh ouh

Ma plante ?




Acte 1 scène 5


ROBINSON : Une décision transparente. Se barrer, louer un gros pick-up Toyota rouge, action, je roule, direction neige. Ce n’est pas la porte à côté. On part sans rien, ça ira, on verra bien, on monte vers la neige, par paliers, on roule avec des pensées, on se galvanise.

Ma Toyota est fantastique.

Je pense en roulant, on est parti, on se lance, ça ressemble à un vrai départ, en avant comme en avant, on se glisse dans le déjà-vu, un petit homme à perruque poudrée traverse les champs blancs, on se le dit à haute voix, on parle fort dans la voiture, ça fait plaisir à tout le monde de pouvoir juste dire ce qu’on est entrain de faire : deviens ce que tu es, comme on rougit, couleur de vie…

On dira ce qu’on voudra, ça fait un bien fou de partir, c’est une évidence, mais on l’oublie toujours, donc c’est une surprise, donc ça fait un bien fou, et dire que j’hésitais…

On est encore loin dans la neige.

On tire un trait dans le paysage, c’est ma Toyota, ça marche, … on roule avec des pensées, on enlève de chacune la part inutile qu’elle contient, souvenirs gazeux, vapeurs anciennes, et on recommence à l’infini, comme ça, on avance, on traverse des forêts gigantesques ; ah je ne savais pas qu’il y avait des arbres de cette taille, on a l’impression de voyager dans un conte, mais un conte très proche, sans visions, ni éléphants roses, ni mirages.




Acte 1 scène 6


ROBINSON : Un nid ? Qui a bien pu avoir une idée pareille ? Au beau milieu d’une forêt, on tombe dessus par hasard, pas d’accès prévu, c’est curieux, aucun balisage, rien, aucun signe. C’est bizarre.

Igloo vert pour dormeur égaré ? Refuge pour martien écologiste ? Capsule Tarzan ? Classe verte pour Laïka, la chienne envoyé au ciel ? Singe en orbite ? On reste là bouche bée. Comme une corbeille suspendue face au ciel, on doit être bien dedans, oh, les plumes poussent à vue d’œil, un berceau sur échasses, un œuf énorme se fendille, un bébé à plumes ? un frère de lait ?

On volera ensemble.

Mais qui a bien pu imaginer et construire une chose pareille ?




Acte 1 scène 7


ROBINSON : Cour royale en exil à la montagne cherche conseiller image, chambre tout confort, dans chalet atypique, artistes s’abstenir, envoyer prétentions



Acte 1 scène 8


ROBINSON : direction vallée, on descend. L’air-l’air est blanc. On a le temps. Oxygène blanc. Je vole, air. On dure en l’air. Il y a un blanc, on voit en bas ralenti, vallée, brume, de là, on voit encore mieux le chalet, tout en bas, centaines de petites fenêtres allumées, c’est déjà la nuit dans la vallée, petits crépitements des volets, c’est la nuit au fur et à mesure qu’on descend, le son monte. Nuit. On ferme les milliers de volets, c’est le soir, tacca-tac, bonne nuit les enfants, comme des moulins à prières, odeur de bois sous l neige, on approche, on imagine, on arrive au ralenti, on se représente. Atterrissage.








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